Tourisme médical : un joker pour la Vision 2020 ?


  • Le Maroc 30 à 50% moins cher que l’Europe
  • 10 à 15% d’étrangers et 80% de MRE
  • Liposucions, plastie abdominale, légers liftings, greffes de cheveux… les actes récurrents
Le Maroc explore la niche du tourisme médical. De plus en plus de packages de voyages couplés à des formules inédites de soins et thérapies sont proposés par des cliniques privées ayant pignon sur rue. Le séjour médical y coûte 30 à 50% moins cher qu’en Europe! Prix avantageux, qualité des soins, soleil et stabilité du pays… Ce sont là autant d’ingrédients qui font que les étrangers sont de plus en plus nombreux à opter pour le séjour médical. C’est le pari gagnant d’une niche qui commence à se structurer et d’une activité en pleine expansion. Elle repose sur l’ambition de la Vision 2020 pour l’émergence d’une offre touristique diversifiée. C’est d’ailleurs l’un des six programmes annoncés lors des 10es Assises, et qui ont été complétés et centrés sur certaines niches à forte valeur ajoutée et des segments spécifiques pour accroître l’attractivité du Maroc. L’enjeu étant de faire de la destination «un site international de bien-être et de santé».
En effet, la demande en chirurgie esthétique est en nette croissance. Quelque 80 chirurgiens du privé et du public pratiquent au Maroc. L’on parle de 1.000 à 1.200 interventions de chirurgie esthétique par mois avec une proportion de 10 à 15% d’étrangers. Les patients viennent de partout: Afrique, Canada, Moyen-Orient, France, MRE… Au même titre que la Tunisie, le Maroc est en passe de devenir une place de choix pour la chirurgie esthétique. Mais «l’essentiel est de ne pas commettre la même erreur que la Tunisie en ciblant la clientèle européenne», signale Dr El Hassane Tazi, chirurgien plasticien. Pour ce praticien, «la meilleure stratégie est de s’orienter vers l’Afrique et les MRE». En effet, les MRE sont les premiers clients du tourisme médical. Visites familiales, vacances et soins: le triptyque séduit. Pour preuve, «80% des patients-touristes sont des MRE», précise Tazi.
Quant aux interventions les plus récurrentes sur les patients étrangers, les médecins optent pour celles qui nécessitent le suivi postopératoire le moins lourd possible et sans anesthésie générale. Liposucions, augmentation mammaire, légers liftings ou encore des greffes de cheveux. Il y a aussi une forte demande sur les rhinoplasties (intervention sur le nez), les greffes de cheveux, la plastie abdominale… De plus en plus jeune, la clientèle n’est pas exclusivement féminine. L’on parle en moyenne d’un homme pour trois femmes, selon la Société marocaine de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (SMCPRE).
Certes, le tourisme médical est à ses balbutiements au Maroc, mais il compte déjà des milliers de touristes par an qui optent pour cette formule combinée (soleil et soins). Plus encore, le contexte actuel dans la région du Maghreb plaide en faveur d’un repli stratégique de la clientèle de la Tunisie vers le Maroc. Les TO ont tout intérêt à fidéliser leur clientèle en la redirigeant vers le pays exotique le plus proche qui plus est offre du soleil et du balnéaire. Pour rappel, la Tunisie est répertoriée comme étant une destination internationale de référence dans le tourisme de santé avec des flux transfrontaliers importants (plus de 40.000 patients étrangers en 2008). Sauf que cette activité se pratique avec l’intervention des agents de voyages dans le pays du Jasmin. De l’avis de plusieurs observateurs, il est tout à fait normal que des cliniques investissent ce créneau. En revanche, il est inconcevable que des médecins se transforment en agents de voyages. Ce sont deux métiers à part. Or, il suffit de visiter quelques sites internet de quelques cliniques marocaines pour constater le mélange des genres. L’argument récurrent: «Une prise en charge depuis l’arrivée à l’aéroport jusqu’au vol du retour». Des packages très variables qui comprennent le billet d’avion, l’hôtel, la restauration, une visite de la ville, une séance de spa, l’acte chirurgical et bien d’autres divertissements à la carte.
Sur les traces du Dr BurouLe Casablanca des années 60-70 était plus réputé en tant que capitale de la chirurgie esthétique des stars et bourgeois français, anglais, américains… A l’origine de cette notoriété, le docteur George Burou. Ayant fait de la vaginoplastie sa spécialité, Dr Burou est devenu célèbre. Sa «Clinique du Parc» à Casablanca fut assiégée par les transsexuels du monde entier. Il effectua alors plusieurs centaines d’opérations chaque année. A l’époque, les opérations transsexuelles étaient interdites en Europe. En 1973, Dr Burou donna la première présentation publique formelle de sa technique chirurgicale lors d’une importante conférence interdisciplinaire sur le transsexualisme qui se tenait à la faculté de médecine de Stanford. En 1973, il avait effectué plus de 3.000 opérations de réattribution de sexe. A ce moment, nombre d’autres chirurgiens dans le monde avaient adopté la technique du Dr Burou et appliquaient des protocoles similaires.
Ilham BOUMNADE – leconomiste.com

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