Sorties de devises et augmentation de la circulation fiduciaire ont fait grimper le besoin de liquidité. Les taux interbancaires se décalent de plus en plus du taux directeur.
La pression monte sur les trésoreries bancaires. Le déficit de liquidité des banques a en effet atteint un record en juin, selon les dernières statistiques officielles. Après avoir été réduit à 4,2 milliards de DH à fin 2010, sous l’effet du bon comportement des avoirs extérieurs nets (réserves de change) et de l’abaissement de 8% à 6% du coefficient de la Réserve monétaire obligatoire (RMO), le déficit s’est envolé à 28 milliards de DH à fin juin 2011. Les données du mois de juillet ne sont pas encore disponibles, mais les banquiers parlent d’un déficit qui aurait dépassé les 30 milliards de DH actuellement.
Cette situation n’a pas manqué de créer une tension au niveau des taux monétaires, notamment le taux interbancaire qui sert de référence au calcul des taux des crédits à l’économie (dont le crédit immobilier à taux variable). En juin, à la suite de la difficulté des banques à constituter la RMO du mois, le taux du marché interbancaire avait atteint un pic de plus de 3,80%, soit 55 points de base de plus que le niveau du taux directeur de la banque centrale (3,25%). Et jusqu’au 15 juillet, le coût de l’argent au jour le jour n’est pas descendu au-dessous du seuil de 3,30%, voire 3,40%, pendant quelques journées.
Ce qui explique le creusement du déficit de liquidité des banques, c’est essentiellement la contraction des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. Ces derniers ont régressé de plus de 16 milliards de DH entre décembre 2010 et juin 2011, passant de 188 à 171 milliards de DH, à l’occasion de plusieurs opérations ponctuelles d’importation, notamment de pétrole et de céréales dont le cours a flambé durant le premier semestre, et au paiement des dividendes aux actionnaires étrangers des entreprises marocaines, dont le montant avoisinerait les 9 milliards de DH.
Autre élément ayant impacté négativement la liquidité du système bancaire : la hausse de la circulation fiduciaire. Le montant des billets et pièces de monnaie en circulation a en effet augmenté de 3,4% en un semestre, passant de 152 à 157 milliards de DH, sous l’effet d’une utilisation plus importante de la monnaie fiduciaire à l’approche et pendant la période estivale.
Les comptes sur carnet exclu de la réserve monétaire obligatoire
Par ailleurs, le règlement par les sociétés de leur acompte d’IS à l’Etat, fin juin, a exercé un effet restrictif supplémentaire sur les trésoreries bancaires, d’un montant de plus de 6 milliards de DH.
La conjonction de tous ces élements a fait passer la position structurelle de liquidité des banques (voir tableau) d’un solde excédentaire de 20 milliards de DH en décembre 2010 à un déficit de 7 milliards de DH en juin 2011, ceci hors réserve monétaire obligatoire.
Pour réduire ce solde négatif, Bank Al-Maghrib a exclu, en mai dernier, les comptes sur carnet, dont le montant s’élève à près de 80 milliards de DH, de la base de calcul de la RMO, ce qui réduit le montant de cette réserve de 25 à 21 milliards de DH. Autrement dit, 4 milliards de DH ont été injectés dans le système pour réduire son déficit, mais l’effet de cette action ne s’est quasiment pas fait sentir compte tenu de l’importante baisse des avoirs extérieurs nets et de la hausse de la circulation fiduciaire.
Cette situation a poussé Bank Al-Maghrib à augmenter significativement le volume de ses interventions sur le marché interbancaire, afin d’atténuer la pression sur les liquidités. Les avances à sept jours accordés en juin par la banque ont atteint une moyenne hebdomadaire de 24 milliards de DH, alors que celle-ci était de 7 milliards seulement en décembre 2010.
Le Trésor a également contribué à résorber le déficit de liquidité des banques, à travers le placement à court terme de ses excédents de trésorerie sur le marché interbancaire et celui de la pension livrée. La moyenne quotidienne de ses placements a carrément doublé au deuxième trimestre 2011 par rapport au premier, passant de 1,4 à 2,8 milliards de DH. Malgré ces tentatives, la pression n’a pas diminué, et le moindre mouvement au niveau des avoirs extérieurs, des comptes du Trésor, de la circulation fiduciaire ou de la RMO des banques fait augmenter les taux du marché monétaire.
Rappelons qu’en 2010, l’augmentation des taux interbancaires a été limitée, mais uniquement grâce à l’émission de l’Euro Bond du Maroc sur le marché international (11 milliards de DH) et à la cession de 40% de Méditel à Orange Télécom (8 milliards de DH). Cette année, une sortie à l’international paraît peut probable compte tenu du contexte de crise, et le Trésor, dont les besoins augmenteront d’ici la fin de l’année, ponctionnera davantage les liquidités du système à travers ses adjudications.
Dans ces conditions, faut-il craindre un resserrement plus important des conditions bancaires en matière d’octroi de crédits à l’économie ? Si aucune opération exceptionnelle n’est réalisée, en devises notamment, la pression pourrait bien augmenter.
Cette situation n’a pas manqué de créer une tension au niveau des taux monétaires, notamment le taux interbancaire qui sert de référence au calcul des taux des crédits à l’économie (dont le crédit immobilier à taux variable). En juin, à la suite de la difficulté des banques à constituter la RMO du mois, le taux du marché interbancaire avait atteint un pic de plus de 3,80%, soit 55 points de base de plus que le niveau du taux directeur de la banque centrale (3,25%). Et jusqu’au 15 juillet, le coût de l’argent au jour le jour n’est pas descendu au-dessous du seuil de 3,30%, voire 3,40%, pendant quelques journées.
Ce qui explique le creusement du déficit de liquidité des banques, c’est essentiellement la contraction des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. Ces derniers ont régressé de plus de 16 milliards de DH entre décembre 2010 et juin 2011, passant de 188 à 171 milliards de DH, à l’occasion de plusieurs opérations ponctuelles d’importation, notamment de pétrole et de céréales dont le cours a flambé durant le premier semestre, et au paiement des dividendes aux actionnaires étrangers des entreprises marocaines, dont le montant avoisinerait les 9 milliards de DH.
Autre élément ayant impacté négativement la liquidité du système bancaire : la hausse de la circulation fiduciaire. Le montant des billets et pièces de monnaie en circulation a en effet augmenté de 3,4% en un semestre, passant de 152 à 157 milliards de DH, sous l’effet d’une utilisation plus importante de la monnaie fiduciaire à l’approche et pendant la période estivale.
Les comptes sur carnet exclu de la réserve monétaire obligatoire
Par ailleurs, le règlement par les sociétés de leur acompte d’IS à l’Etat, fin juin, a exercé un effet restrictif supplémentaire sur les trésoreries bancaires, d’un montant de plus de 6 milliards de DH.
La conjonction de tous ces élements a fait passer la position structurelle de liquidité des banques (voir tableau) d’un solde excédentaire de 20 milliards de DH en décembre 2010 à un déficit de 7 milliards de DH en juin 2011, ceci hors réserve monétaire obligatoire.
Pour réduire ce solde négatif, Bank Al-Maghrib a exclu, en mai dernier, les comptes sur carnet, dont le montant s’élève à près de 80 milliards de DH, de la base de calcul de la RMO, ce qui réduit le montant de cette réserve de 25 à 21 milliards de DH. Autrement dit, 4 milliards de DH ont été injectés dans le système pour réduire son déficit, mais l’effet de cette action ne s’est quasiment pas fait sentir compte tenu de l’importante baisse des avoirs extérieurs nets et de la hausse de la circulation fiduciaire.
Cette situation a poussé Bank Al-Maghrib à augmenter significativement le volume de ses interventions sur le marché interbancaire, afin d’atténuer la pression sur les liquidités. Les avances à sept jours accordés en juin par la banque ont atteint une moyenne hebdomadaire de 24 milliards de DH, alors que celle-ci était de 7 milliards seulement en décembre 2010.
Le Trésor a également contribué à résorber le déficit de liquidité des banques, à travers le placement à court terme de ses excédents de trésorerie sur le marché interbancaire et celui de la pension livrée. La moyenne quotidienne de ses placements a carrément doublé au deuxième trimestre 2011 par rapport au premier, passant de 1,4 à 2,8 milliards de DH. Malgré ces tentatives, la pression n’a pas diminué, et le moindre mouvement au niveau des avoirs extérieurs, des comptes du Trésor, de la circulation fiduciaire ou de la RMO des banques fait augmenter les taux du marché monétaire.
Rappelons qu’en 2010, l’augmentation des taux interbancaires a été limitée, mais uniquement grâce à l’émission de l’Euro Bond du Maroc sur le marché international (11 milliards de DH) et à la cession de 40% de Méditel à Orange Télécom (8 milliards de DH). Cette année, une sortie à l’international paraît peut probable compte tenu du contexte de crise, et le Trésor, dont les besoins augmenteront d’ici la fin de l’année, ponctionnera davantage les liquidités du système à travers ses adjudications.
Dans ces conditions, faut-il craindre un resserrement plus important des conditions bancaires en matière d’octroi de crédits à l’économie ? Si aucune opération exceptionnelle n’est réalisée, en devises notamment, la pression pourrait bien augmenter.
2011-08-02
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